Indemnisations. Les professionnels demandent que le plan de 400 millions décidé par l’État, pour éponger les pertes en décembre, soit étendu au reste de la saison et à tous les acteurs.
La non-ouverture prolongée des remontées mécaniques a précipité l’écosystème montagnard dans un gouffre économique. Avec le spectre d’une saison blanche omniprésent.
Les dispositifs en place
Pour y remédier, et aider les entreprises, le gouvernement a annoncé, dès la mi-décembre, des mesures exceptionnelles, avec à la clé un plan montagne de 400 millions d’euros pour le seul mois de décembre. Plusieurs secteurs d’activités sont concernés. À commencer par les remontées mécaniques. L’État s’est engagé à verser aux exploitants, publics et privés, une aide équivalente à 70 % des charges fixes liées à l’exploitation des remontées mécaniques, soit 49 % du chiffre d’affaires. Lequel est calculé sur la moyenne des trois dernières saisons (voir encadré).
Pour l’heure, les aides sont plafonnées par l’Union européenne à trois millions d’euros, ce qui peut paraître insignifiant aux yeux de certains grands groupes comme la Compagnie des Alpes. Par ailleurs, les moniteurs de ski, à titre individuel, sont éligibles au fonds de solidarité et peuvent toucher une compensation jusqu’à 10 000 euros ou correspondant à 20 % de leur revenu généré sur la même période en 2019. Secteur également très fragilisé par la crise, les commerces (y compris alimentaires) des stations – et des vallées s’y rattachant – accèdent également au fonds de solidarité, à concurrence de 10 000 euros s’ils justifient d’une perte de chiffre d’affaires d’au moins 50 %.
S’ajoute une prise en charge à 100 % de l’activité partielle. Autres grands perdants, les hôteliers-restaurateurs sont indemnisés à hauteur de 20 % du chiffre d’affaires 2019, dans la limite de 200 000 euros par mois. Pour ceux qui restent ouverts, ils ne peuvent en bénéficier que si leurs recettes ont baissé de 70 %. La profession réclame une aide complémentaire à hauteur de 70 % des frais fixes, comme Bruno Le Maire s’y est engagé, le 14 janvier, pour les grosses entreprises fermées administrativement réalisant un chiffre d’affaires mensuel de plus d’un million d’euros.
Selon le GNI, 150 hôtels dans les Alpes seraient concernés. Enfin, l’État dédommagera les communes de montagne à hauteur des taxes de séjour et de remontées mécaniques perçues en 2019. Jean-Luc Boch, le président de l’ANMSM et de France Montagnes, considère que tout cela est un minimum : « Je ne lâcherai rien. La plaisanterie va coûter cinq milliards d’euros si on veut que l’écosystème de la montagne survive. »
DSF : pour une juste indemnisation
Bénéficiaire d’un dispositif ad hoc incluant tous les exploitants de remontées mécaniques, Domaines skiables de France – 238 adhérents actifs – se bat sur trois points, en cours de négociation. Primo, le chiffre d’affaires de référence, actuellement calculé sur trois exercices, doit prendre uniquement en compte celui de 2019. Secundo, le chiffre d’affaires résiduel réalisé cet hiver par certains exploitants pour aider le mouvement sportif est retranché de l’indemnisation, « alors que ces ouvertures s’avèrent déficitaires pour les opérateurs et les pénalisent », déplore Laurent Reynaud, délégué général de DSF (photo).
Tertio, il demande que l’exploitant qui a des activités annexes, type bar ou restaurant, soit éligible au fonds de solidarité. DSF, qui milite pour que tout l’écosystème obtienne une aide juste via le collectif des Entreprises de la Montagne, attend avec impatience que les indemnités soient versées : « Nous n’avons pas encore touché un centime. »
Par Patricia Rey
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