Chambre d’agriculture : qui vote, qui se présente et que pèse l’agriculture locale aujourd’hui ?

par | 21 janvier 2019

Les élections à la chambre d’agriculture se déroulent jusqu’au 31 janvier, par correspondance et voie électronique. Dans son édition du 18 janvier, Eco Savoie Mont Blanc revient sur les grands enjeux du scrutin. En complément, voici un tableau du paysage électoral dans lequel se déroule le scrutin.


Qui vote ?

Il y a en fait 10 élections dans ce scrutin. Pour un total de 31 056 votants et 51 élus (sans compter les représentants du centre de la propriété forestière, qui ne sont pas issus du même scrutin).

Car il y a vote dans cinq collèges individuels : exploitants, propriétaires, salariés de la production, salariés des groupements professionnels, anciens exploitants. Et dans cinq collèges collectifs : coopératives de production, autres coopératives, assurances et mutuelles, caisses du Crédit agricoles et syndicats.

Les 10 collèges électoraux :

Collège 1, exploitants en activité : 5941 électeurs / 27 élus
Collège 2, propriétaires bailleurs : 1579 électeurs / 2 élus
Coll 3A, salariés de la production: 4543 électeurs / 4 élus
Coll 3B, salariés des groupements agricoles : 5539 électeurs / 4 élus
Coll 4, anciens exploitants : 13 202 / 2 élus
Coll 5A, coopératives de production : 6 électeurs / 2 élus
Coll 5B, autres coopératives : 51 électeurs / 4 élus
Coll 5C, caisses du crédit agricoles : 49 électeurs / 2 élus
Coll 5D, caisses d’assurances mutuelles et mutualité sociale agricole : 78 électeurs / 2 élus
Coll 5E : organisations syndicales, 68 électeurs/ 2 élus


Un scrutin à dominante majoritaire

Le collège « exploitants » à lui seul dispose de 53% du total des sièges (27 sur 51). Dans ce collège, la liste arrivée en tête récolte la moitié des sièges tandis que l’autre moitié est attribuée à la proportionnelle entre toutes les listes. Si l’alliance FDSEA-JA réalise le même score qu’en 2013 (56%) elle raflera ainsi 20 des 27 sièges « exploitants ».

Mêmes règles dans les deux collèges « salariés » (2 sièges chacun) et là c’étaient la CGT (collège « salariés de la production », où elle avait devancé FO et l’Unsa ; la CFDT n’avait alors pas de candidats mais elle a une liste en 2019) et la CFDT (collège « salariés des groupements », première place devant respectivement la CFE-CGC, la CGT, FO et l’Unsa) qui l’avait emporté en 2013.

Dans les autres collèges, c’est du 100% majoritaire : la liste en tête récolte tous les sièges. Pas franchement un problème : mis à part pour les anciens exploitants (3 listes, les mêmes que chez les exploitants), il n’y a à chaque fois qu’une seule liste candidate.

Les résultats nationaux en 2013.
Source : « Un nouvel élan pour les chambre d’agriculture », revue spéciale des chambres d’agricultures consacrée aux élections – Mai 2013


Trois listes candidates chez les exploitants et anciens exploitants

Dans le collège « exploitants » comme dans le collège « anciens exploitants » nous retrouvons en 2019 les listes des trois mêmes organisations syndicales qu’en 2013.

Ce sont d’ailleurs les trois plus représentatives au niveau national. Ou plutôt les quatre, car une liste est présentée conjointement par deux organisations, historiquement très proches : la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA ; FDSEA au niveau départemental) et les Jeunes agriculteurs (JA).

En 2013, au niveau national, cette alliance FDSEA-JA (ou, dans quelques départements, les deux organisations séparées) avait rassemblé au total 55% des suffrages dans le collège « exploitants ».

Derrière, la Coordination Rurale (20,5%) était pour la première fois passée devant le Confédérations paysanne (18,5%). A noter que dans de rares départements ces deux adversaires avaient fait liste commune contre le duo majoritaire (FNSEA-JA) mais ce ne fut pas le cas localement. Le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), la plus ancienne des organisations dissidente de la FNSEA, complète ce paysage français, avec 1,5% des voix sur ses listes propres, plus 1,1% grâce à des listes commune avec la Confédération paysanne dans certains départements. Mais le Modef n’est pas présent en Savoie Mont Blanc.

Au niveau Savoie Mont Blanc, justement, la FDSEA-JA avait réalisé un score légèrement supérieur à celui de la moyenne nationale : 56,3%. Derrière, la Confédération Paysanne avait conservé une longueur d’avance sur la jeune Coordination rurale (26,4% contre 17,2%), dont la section Haute-Savoie a été créée il y a huit ans seulement.

La préservation du foncier agricole utile dans une région sous haute pression (logements, infrastructures, locaux économiques…) reste l’un des enjeux forts de l’agriculture en Savoie Mont Blanc. Photos haut, ci-dessus et ci-dessous : Eric Renevier (archives).


Mixité et renouvellement

La règle n’impose pas encore la parité pour ces élections aux chambre d’agriculture. Mais il doit tout de même y avoir au moins une femme par tranche de trois candidats. Seule la Confédération paysanne a choisi de nommer une dame en tête de liste.

Ces élections vont aussi être caractérisées par un fort renouvellement des élus. Chez le duo majoritaire, plusieurs « figures » ne se représentent pas, à commencer par le président sortant, Patrice Jacquin, qui restera dans l’histoire comme le premier président de la chambre unifiée Savoie Mont Blanc (la fusion 73+74 était devenue effective au 1er janvier 2013 soit juste avant les précédentes élections). Son successeur désigné est Cédric Laboret, éleveur à Lescheraines etvice-président sortant et tête de liste FNSEA-JA.


Trois listes, trois phrases :

Dans le cadre de nos articles sur le scrutin nous avons interrogé un(e) porte-parole de chaque liste en lice dans le collège « exploitants ». En complément des extraits repris dans Eco Savoie Mont Blanc du 18 janvier, voici trois phrases marquantes du discours de chacun d’entre eux.


Catherine Gehin, Confédération paysanne

1- La chambre doit être un outil au service de tous les agriculteurs, pas un instrument de clientélisme ! Idem pour sa revue, Terre des Savoie : elle devrait présenter l’ensemble du monde agricole local, y compris les actions menées par les organisations minoritaires. Mais c’est loin d’être le cas…

2-Nous pensons que l’agriculture d’ici doit d’abord servir à nourrir les gens d’ici plutôt que d’avoir l’exportation comme priorité. Nous militions pour des fermes autonomes (NDLR : qui assurent aussi transformation et vente), réparties sur tout le territoire. D’où la nécessité de préserver la foncier utile.

3-Avec le modèle actuel, on agrandit les troupeaux de vaches laitières. Donc le nombre de veaux. Mais les veaux ne valent plus rien : plus il y a de production, plus les prix baissent pour l’éleveur. C’est un cercle vicieux et ce n’est certainement pas la marche à suivre.

Avec la sécheresse de 2018 le manque de fourrage se fait sentir cet hiver. Une baisse de la production laitière mais aussi une diminution des trésoreries des exploitants laitiers (plus de fourrage à acheter avec des prix plus élevés) sont attendues sur 2019.


Bernard Mogenet, FDSEA-JA :

1-Nous défendons un modèle majoritairement basé sur les signes de qualité et le retour de la valeur ajoutée à l’exploitant : si l’on veut un renouvellement de l’agriculture sur notre territoire il faut faire en sorte que les exploitants disposent d’un revenu satisfaisant.

2-La chambre d’agriculture est un outil collectif qui permet la réussite individuelle. Aux agriculteurs de se l’approprier ! Nous souhaitons une forte participation pour ce scrutin (50% en 2013), cela nous rendra plus forts et plus légitimes dans les discussions avec les pouvoirs publics.

3-Il y a beaucoup de communication négative sur l’agriculture : les intrants, le bien-être animal, la consommation excessive de viande… Alors nous avons besoin d’une communication positive sur le rôle social et environnemental joué par l’agriculture à taille humaine des Savoie.


Gilles Châtelain, Coordination rurale

1- Nous sommes un jeune syndicat en forte croissance localement. Hélas, beaucoup d’agriculteurs ne croient plus en rien, ils sont résignés. Même si la probabilité es faible de voir la majorité changer à la chambre d’agriculture nous voulons mobiliser le plus fortement possible pour peser davantage.

2- Pour assurer le renouvellement de tous ceux qui partent en retraite, l’agriculture locale a besoin de tout le monde. Il ne faut donc pas encourager (NDLR : via les droits à produire) seulement ceux qui investissent beaucoup. Investir plus pour pouvoir produire plus, c’est risqué et ce n’est pas le seul modèle possible.

3- Nous nous battons pour défendre la typicité de l’agriculture, comme le lait cru par exemple. Et pour une simplification des normes. L’agriculteur doit pouvoir se consacrer à son métier plutôt qu’à faire face à trop de contrôles ou à devoir remplir trop de paperasse.



L’agriculture de Savoie Mont Blanc en chiffres

5 867

C’est le nombre d’exploitations agricoles (- 17% en 10 ans) en Savoie Mont Blanc. Dont 37,5% d’exploitations laitières et/ou fromagères (activité principale) et 16,5% d’exploitations viande (et œufs). Céréales, viticulture et maraîchage (fruits et légumes) pèsent entre 11% et 9% chacun.

+52%

C’est la progression de la surface moyenne des exploitations depuis l’an 2000. Elle reste toutefois modeste puisqu’elle est passée de 27 à 41 hectares.

504 M€

C’est le chiffre d’affaires de la production agricole en Savoie Mont Blanc grâce à 8 900 emplois en équivalent temps plein. A noter que l’emploi agricole total est en baisse (environ -10% sur 10 ans) mais que l’emploi salarié, lui, se développe.

Sources : Chambre d’agriculture Savoie Mont Blanc, les chiffres clés.




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