Avec l’élection, le 28 avril, de la candidate “verte” Fabienne Fischer, le Conseil d’État genevois vire à gauche. C’est la deuxième fois seulement dans l’histoire récente du canton.
Une nouvelle vague a submergé la Ville du Bout du Lac, mais celle-ci n’a rien de sanitaire. Arrivée largement en tête du second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’État (exécutif) du canton de Genève, qui se déroulait le 28 avril, la candidate “verte” Fabienne Fischer a été élue avec 41,8% des 115605 suffrages exprimés.
Elle devance largement les trois autres prétendants en lice : l’ex-conseiller d’État démissionnaire et candidat à sa propre succession Pierre Maudet (Indépendant, 33%), Delphine Bachmann (PDC, mais se présentant sur la liste du Parti bourgeois démocratique, 13,6%) et Yves Nidegger (Union démocratique du centre – UDC, 11%).
Peu expérimentée en politique et souffrant d’un déficit de notoriété, l’avocate de 59 ans a pu surfer sur l’union des forces de gauche et sur un effet “vote utile” pour faire barrage à Pierre Maudet, dont la probité est pour le moins sujette à caution depuis le début de ses démêlés avec la justice. La nouvelle conseillère d’État, qui va hériter des portefeuilles de l’Économie et de l’Emploi, s’est réjouie de « la victoire de ceux qui pensent qu’il est possible de changer de cap» et a assuré qu’elle voulait «mettre la solidarité au cœur de [s]on action».
Elle s’est également dite consciente de la difficulté des défis qui l’attendent, dans un contexte sanitaire plus incertain que jamais. Le taux de participation de 42,74% – plutôt bon à l’aune helvétique – montre que cette élection a suscité l’intérêt chez les 270527 électeurs inscrits dans le canton. L’entrée au Conseil d’État de cette élue écologiste, aux côtés de son collègue Antonio Hodgers (Les Verts), mais aussi des conseillers socialistes Anne Emery-Torracinta et Thierry Apothéloz, fait basculer la majorité politique du gouvernement genevois.
Après 1933 et 2005, c’est la troisième fois seulement que la gauche est majoritaire au Conseil d’État. Pendant la campagne, Fabienne Fischer s’est positionnée contre deux projets clivants sur le Grand Genève : le projet d’autoroute entre Machilly et Thonon – elle a participé à une récente conférence de presse commune avec l’Annécienne Fabienne Grebert (tête de liste EELV aux régionales) –, et le projet de centre commercial dernière génération Open, à Saint-Genis-Pouilly (Ain). Une manière de montrer que les enjeux environnementaux ne s’arrêtent pas aux frontières.
Pierre Maudet, touché mais pas coulé
Il espérait être absous par l’onction populaire, mais les urnes n’ont finalement pas délivré le miracle attendu. Fragilisé par ses démêlés judiciaires et par les critiques autour de son management à la tête du département de l’Économie et de l’Emploi, le conseiller d’État genevois sortant Pierre Maudet avait décidé de démissionner pour revenir plus fort, relégitimé – espérait-il – par le suffrage populaire.
Mais l’ex-étoile montante du Parti libéral-radical (PLR), foudroyé en pleine ascension pour s’être fait offrir une virée à Abu Dhabi – il a été condamné en première instance pour « acceptation d’un avantage », le 22 février –, n’est finalement arrivé que deuxième au second tour de l’élection complémentaire au Conseil d’État. Si cette défaite marque un coup d’arrêt, l’ampleur de son score (33,6 % des voix avec 38 184 suffrages) permet néanmoins à Pierre Maudet d’envisager de poursuivre sa carrière politique. « Je continuerai à me mettre à la disposition du canton », a-t-il d’ailleurs déclaré.
Matthieu Challier
Bon courage … vous vivez dans des conditions à peu près normales ? Bienvenue chez les fous..moi qui pensais que les helvétiques étaient plus de intelligent que nous, et devant lesquels j’étais assez admiratif, bah faut croire que finalement la connerie est contagieuse..